2 - La couche fragile à l'origine du déclenchement

The weak layer - english version

Les avalanches de plaque sont déclenchées par une rupture locale (par effondrement et cisaillement combinés) de la couche fragile qui sépare la plaque des couches de neige plus anciennes, suivi de l'extension rapide de cette zone effondrée.

Pour comprendre comment cet effondrement peut s'initier, se propager, et conduire éventuellement à la déstabilisation de la plaque, il faut en savoir un peu plus sur les propriétés de cette couche fragile, généralement constituée de grains à faces planes, de gobelets ou de givre enfoui.

On connaît bien le givre de surface, constitué de superbes paillettes qui apparaissent lors de nuits claires et froides, dans une atmosphère suffisamment humide. Ce sont ces paillettes scintillantes au soleil, si douces sous les spatules. S'il neige avant que ce givre ne se transforme, ces cristaux sont ensevelis. La plaque pourra éventuellement "surfer" elle aussi sur cette couche, qu'on continue à appeler "givre de surface" par référence à l'endroit où elle a été produite.

Les faces planes et les gobelets par contre apparaissent directement en profondeur, à la jonction entre la plaque et les couches de neige plus anciennes. Ils se développent sous l'effet d'un gradient thermique. Lors de nuits claires, la température en surface baisse, alors que les couches en profondeur restent tempérées à cause du flux de chaleur venant du sol (flux géothermique). Cela se produit préférentiellement en versant Nord (du moins dans l'hémisphère du même nom !). Sous l'effet de cette différence de température, les molécules d'eau à la partie supérieure des couches anciennes, plus chaudes, se vaporisent, puis viennent se condenser sur la partie inférieure de la plaque, plus froide.

Cristaux à faces planes, gobelets ou givre de surface présentent peu de liaisons entre eux. Comme un château de cartes, ils peuvent s'effondrer sous un effort local, comme l'impulsion d'un skieur dans un virage, les transformant en une matière sans cohésion. C'est cette même transformation qui se produit sous les spatules en skiant sur du givre de surface (pas encore enfoui), et c'est c'est ce manque de cohésion qui donne cette impression de glisse incomparable. Ces zones effondrées, appelées communément fissures basales, peuvent ensuite s'étendre à grande distance sous la plaque et conduire dans certaines conditions au déclenchement de l'avalanche. Comme l'effondrement peut se produire aussi sur terrain plat, on voit qu'une avalanche peut évidemment être déclenchée en skiant ou en marchant sur terrain plat, à condition d'être à proximité d'une pente suffisante.

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Nous détaillerons dans les prochains billets le rôle précis de ces effondrements sur le déclenchement (et aussi sur le non-déclenchement) des avalanches de plaque.

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