Avalanche - orientation E Avalanche Chartreuse, secteur Grand Som

29 janvier 2019 11H
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Avalanche Chartreuse, secteur Grand Som - Photo 1 - © stephane miloche
1 photo © stephane miloche
Montée vers le Grand Som par l'arète nord puis la face est classique. Un
randonneur nous précède dans la traversée en face est, nous sommes
largement espacé. Le randonneur devant nous arrive à l'emplacement oU la
trace descend de quelques mètres avant de remonter pour rejoindre la
longue traversée finale.
Sa trace est profonde, la neige sans cohésion comme nous l'avions déjà
constaté à haute voix avec mon compagnon de rando dans la forêt en
descendant le col de Mauvernay. Cette traversée est de l'ordre de 30m et
nous nous interrogeons tous les deux INTERIEUREMENT mais sans échanger
à haute voix.
Une fois à l'abri au bout de ces trente mètres, notre prédecesseur
commence à remonter pour rejoindre l'arète finale. Je m'engage alors et
à ce moment là la neige ne me semble pas dangereuse outre mesure, la
pente sous jacente s'arrête au bout de 50M environ.

Je poursuis vers le haut et mon collègue suit à distance non sans s'être
également posé des questions.
Nous échangeons avec le randonneur une fois à la croix qui me déclare
que seul, il n'aurait pas poursuivi et que notre présence l'y a incité.
Effet de groupe;( ce n'est pas un jugement du tout) mais une fois de
plus la fragilité de notre libre arbitre face à la virtuelle sécurité
engendrée par la présence d'autres personnes.

La descente est entamée quelques minutes après notre traceur: Nous
arrivons en haut de la combe douteuse et je le vois disparaitre derrière
l'échine, bien en contrebas de la trace de montée; je ne suis pas
inspiré par ce passage et souhaite passer plus haut près de la trace de
montée.
Nous décidons de nous engager l'un après l'autre; je n'arrive pas à
maintenir ma trajectoire et rejoint la trace de notre prédécesseur et je
sens tout de suite que la position est scabreuse.

J'entame une ultra prudente remontée pour franchir l'échine lorsque
j'entends mon ami arrivé et je pense alors oh merde. Un bruit mat et le
wouf caractéristique ébranle le manteau neigeux et toute la pente en
dessous de nous glisse brutalement emportant un volume de neige colossal
environ 80 m plus bas.

Nous sommes secoués et notre position sur une roche affleurante nous a
sauvé la mise sur ce coup. Mais tout n'est pas parti, particulièrement
au dessus de nous et il reste cette arète à franchir.

Nous décidons de faire demi tour sur place et de nous mettre à l'abri,
en retrait en contrebas ou la pente est faible et non dominé par des
pentes importantes. La courbe se fait sans souci et nous décidons de
repeauter pour rejoindre la trace de montée afin de franchir l'échine.
Je trace donc quelques virages jusqu'à rejoindre notre trace puis part
en traversée. La neige qui a du se tasser n'a absolument plus la même
consistance: le crissement est inoubliable: j'ai l'impression de
froisser de la ouate à chaque pas et m'attend à partir à tout moment.
Je marche sur des oeufs et franchis l'échine ou je me mets à l'abri;

Je signale à mon ami que je suis sorti et il se met en route. A mi
chemin de la traversée, tout la pente se met en branle, l'emportant dans
son mouvement. Il surnage à la surface et tout s'arrête une cinquantaine
de mètres en contrebas au milieu d'énormes blocs de neige. Pas de
blessure, un bâton perdu et une énorme frayeur.

Il remonte dans le lit de l'avalanche et franchit le ressaut sur des
rochers devenus accessibles car libérés par la coulée d'environ 50 cm
d'épaisseur sur 10 M de large .

Bien conscient d'avoir grillé deux jokers, nous en voulons d'avoir
négligé autant de signes précurseurs dont nous étions informés ou
conscients; bra 3 en face Est, neige en grosse quantité sans aucune
cohésion, le tout magnifié par le soleil la poudreuse et encouragé par
notre prédécesseur....

Et pourtant nous randonnons régulièrement à la journée, en raid autonome
sur plusieurs jours. Notre premier adversaire ce jour là n'a pas été le
manteau neigeux mais nous mêmes: excès de confiance, pas de remise en
cause ouvertement entre nous, une trace devant nous, la perspective du
sommet juste là....
Bref le cocktail habituel dont je pensais m'être extrait....On n'est
jamais guéri de soi même et de ses faiblesses bien humaines.
Observateur : stephane miloche Thierry M.
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Caractéristiques de l'avalanche

Rupture : épaisseur 50 cm, max ? cm, longueur 10 m. 1900 m. 1820 m.
Origine principale
Skieur rando. montée
Déclenchement à distance

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Conditions à cette période

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Image indice de danger 3 - MARQUE


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